Par Raymond Ibrahim
Des sympathisants des Frères Musulmans ont récemment agressé sexuellement ainsi que violé, tout en criant «revanche», des femmes qui ont osé célébrer la victoire présidentielle de Abdel Fatteh al-Sisi – l’ex-chef de l’armée qui a mis fin au règne des Frères Musulmans en Egypte.
Le 8 juin, lorsque des dizaines de milliers d’égyptiens se rassemblaient sur la place Tahrir pour célébrer l’inauguration de Sisi, des dizaines de femmes ont été sexuellement agressées pendant que plusieurs autres étaient harcelées. Selon un communiqué publié par le ministère de l’intérieur, sept hommes âgés de 15 et 49 ans ont été arrêtés pour avoir agressé sexuellement «un certain nombre de femmes».
Une étudiante de 19 ans a été filmée pendant qu’elle se faisait agresser sexuellement par un groupe d’homme. (J’ai vu le vidéo sur YouTube, mais il a depuis été enlevé; un clip beaucoup moins graphique de l’assaut initial apparaît ici.) Un policier armé d’un pistolet a finalement réussi à sauver la femme de ses agresseurs, après avoir lui-même été blessé.
L’harcèlement sexuel ou le viol des ceux qui appuient Sisi n’est pas rare en Egypte. Plus tôt, un garçon de six ans a été violé par un membre des Frères Musulmans. Celui-ci était «en colère» parce que l’enfant chantait des louanges pour Sisi. Il a convaincu le jeune garçon de le suivre dans un hangar, et une fois à l’intérieur, il a barré les portes et s’est mit à le violer en criant: «Vous brandissez toujours des photos de Sisi en lui chantant des louanges. Je vais vous humilier et vous briser, vous et votre Sisi».
Pendant que les médias occidentaux ne précisent jamais qui sont responsables de ces agressions sexuelles – citant souvent «la foule», Hala Sarhan, un animateur de télévision très populaire en Egypte, a fait allusion que la source ultime de ceux qui légitimisent l’harcèlement sexuel et le viol en Egypte sont les dirigeants religieux et politiques islamistes:
Qu’est-ce qu’ils ont dit à ces individus [les violeurs] pour leur faire croire que de telles violations du corps de cette jeune fille [la victime mentionnée plus haut] étaient permises? … Je vais vous le dire. L’homme au parlement qui a dit cela est le même homme qui l’a fait … Et celui qui dit que la fille est une infidèle est le même que celui au parlement qui a dit que c’est permis d’épouser une jeune fille de 9 ans [basé sur la vie du prophète de l’islam quand il a épousé la petite Aisha]. Ceux dans les mosquées leur ont dit qu’elles [les femmes] sont dans les fosses de l’enfer avec les leurres de Satan, et que Satan vit dans leur corps … C’est ce qu’ils leur disent dans les mosquées! Et les prêcheurs islamistes sont maintenant en colère parce qu’ils ne peuvent plus continuer à prêcher comme cela dans les mosquées! Nous vous remercions, ministre des affaires religieuses pour mettre fin à cette farce! [Le nouveau gouvernement égyptien a réprimé les prêcheurs radicaux.] Avant [sous Morsi], tous les hommes qui criaient et battaient des pieds recevaient un endroit pour prêcher de telles pensées dans la tête des jeunes, qui sont ensuite partis en pensant qu’ils faisaient le djihad. Vous voyez, ils ont cette chose dans la tête qui dit: «Si nous maudissons ou attaquons un infidèle, c’est le djihad» …. En ce qui concerne les cas précédents d’harcèlement sexuel, ils [les autorités islamistes] ont dit aux gens: «Pourquoi ont-elles [les femmes violées] quitté leurs maisons? Elles méritent ce qu’elles ont reçu!» Ils leurs disent: «Vos sœurs ont besoin de se faire circoncir!»; ainsi que, «Dans la maison, battez-les et disciplinez-les, brisez leurs os; et si elles refusent d’avoir des relations sexuelles avec vous parce qu’elles sont fatiguées ou malades, vous devez les maudire juste qu’à ce que le soleil se lève». Nous avons permis à ces personnes de remplir leurs têtes avec ces idées!
Une telle honnêteté nous rappelle d’un éditorial égyptien publié après qu’une jeune femme copte a été assassinée par une foule sympatique à la Fraternité Musulmane parce qu’elle était chrétienne:
Ceux qui ont tué la jeune et vulnérable Mary Sameh George, pour avoir accrocher une croix dans sa voiture, sont des misérables salopards qui suivent les directives de ceux qui ont légitimisé leur droit d’assassiner, de lyncher, de mutiler, et de stipper nu des jeunes chrétiennes. [Le clerc islamique] Yassir Burhami et ses collègues qui déclarent leurs haines pour les chrétiens à travers les chaînes de television par satellite et dans les mosquées – prétendent que leur haine envers les chrétiens est synonyme de leur amour pour Allah – ils sont les vrais assassins qui ont besoin d’être jugés et emprisonnés.
L’harcèlement sexuel et le viol pour forcer les gens à se conformer au programme islamistes a une longue histoire, particulièrement en Egypte. En 2011, pendant le «printemps arabe», quand les Frères Musulmans et d’autres islamistes ont été libérés de prison et légitimisés, pour ensuite prendre le pouvoir, l’harcèlement sexuel est monté en flèche. En plus, une étude des Nations Unis de 2013, quand Morsi était président, a montré que 99,3% des femmes égyptiennes avaient été victimes d’harcèlement sexuel.
En février 2013, des centaines de femmes égyptiennes sont descendues dans les rues de la place Tahrir pour protester contre cet harcèlement continue. Elles avaient des slogans comme «Le silence est inacceptable, ma colère sera entendue» et «Un endroit sécuritaire pour tous; A bas l’harcèlement sexuel». «Les manifestantes ont également exprimé leur colère contre le président Mohamed Morsi et les Frères Musulmans dont il est membre», a écrit Al Ahram sur internet.
La réponse des islamistes a été encore plus d’harcèlements sexuels et de viols. Une femme a été violée pendant environ 20 minutes et a failli mourir. Et comme Hala Sarhan a souligné, des éléments du gouvernement islamiste sous Morsi ont blâmé les femmes en disant que:
Les femmes qui prennent part à ces manifestations portent la responsabilité d’être harcelée sexuellement, en décrivant ce qui se passe dans les tentes de certaines manifestantes comme de la «prostitution». Le major général Adel Afify, membre du comité représentant le Parti Asala Salafiste, a critiqué les manifestantes, en disant qu’elles «savent qu’elles sont parmi des voyous. Elles devraient se protéger avant de demander au ministère de l’intérieur de le faire. En faisant parti des manifestations, les femmes sont 100 pour cent responsables de leurs sorts».
De même, le prêcheur salafiste très populaire Abu Islam a aussi sarcastiquement blâmé les victimes:
«Ils vous disent que les femmes sont une ligne rouge. Ces femmes nues [elles ne portent pas le voile ou le hijab] vont sur la place Tahrir non pas pour manifester, mais pour être abusées sexuellement parce qu’elles veulent être violées! Et elles demandent à Morsi et aux Frères Musulmans de quitter le gouvernement!» Abu Islam a ajouté: «Elles n’ont aucune honte, aucune crainte, et ne sont même pas des féministes. Pratiquez votre féminisme, cheikha! C’est votre droit légitime d’être une femme», a-il dit. «Et d’ailleurs, 90% d’entre elles font parti des croisades [des chrétiennes coptes] et les 10 pour cent restantes sont des veuves qui n’ont plus personne pour les contrôler. Ce sont des femmes qui parlent comme des monstres», a-il ajouté.
La seule lueur d’espoir dans ce nuage de viol islamiste qui plane sur l’Égypte est que les différences entre Morsi et son gouvernement (la Fraternité Musulmane) et Sisi et son gouvernement (post-Fraternité) sont déjà visibles. En réponse à l’harcèlement sexuel endémique en Égypte, le nouveau gouvernement “a adopté une loi criminalisant toutes les formes d’harcèlement sexuel … Une nouvelle loi qui a été adoptée ajoute une punition sévère pour les personnes reconnues coupables de contacts sexuels non désirés …. D’autres lois modifiées, conformément à l’article 306, déclarent que les personnes reconnues coupables d’harcèlement sexuel verbal dans un lieu public ou privé seront condamnées à un minimum de six mois de prison et une amende de pas moins de 3000 EGP (US $420).”
Quand j’ai récemment demandé à certain de mes collègues en Egypte si Morsi avait pris de telles mesures contre l’harcèlement sexuel, la réponse la plus courante que j’ai reçu ressemblait à «Prendre des mesures! Il était au commande de harcèlement sexuel contre ses critiques feminines».
Pourtant, Sisi, qui semble essayer de prendre des mesures contre l’harcèlement sexuel, est maintenant décrit par le Guardian (qui suit la ligne des médias occidentaux) de facon cynique tandis que Morsi et ses alliés islamistes, qui étaient responsables de la violence contre les femmes, ont obtenu un passe-partout – comme le New York Times qui a récemment tenté de blâmer Sisi pour le sort des minorités religieuses en Egypte, sans mentionner que c’était souvent Morsi et les islamistes qui les persécutaient.
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